erne se trouve près d’Argos, contrée non
seulement fertile mais aussi sacrée car c’est ici
que Dionysos descendit au Tartare. C’est donc dans cette
région, célèbre pour ses rites nocturnes,
que doit se rendre Héraclès pour sa seconde épreuve ;
cette dernière consiste à débarrasser la
population d’une bête terrifiante qui répand
un venin si toxique que son haleine ou son odeur seuls suffisent
à empoisonner les mortels : l’hydre de Lerne,
monstre au corps de crustacé (de dragon ou de chien selon
les sources) à qui l’on attribue de 5 à
100 têtes dont l’une est immortelle. Son repaire
se trouve dans le marais de Lerne, tourbière sans fond
dans laquelle disparaissent de nombreux téméraires…
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Héraclès
et l'hydre de Lerne, huile sur toile,
Gustave Moreau, 1876. |
Héraclès
et l'hydre, bronze, Rudolf Tegner, début XXème
siècle. |
Guidé par son neveu Iolas, Héraclès arrive
dans la région désolée de Lerne. Ne voyant
ni âme qui vive, il contraint le monstre à sortir
de son antre en décochant des flèches enflammées
sur les roseaux avoisinants ; effrayée par les flammes,
la bête surgit de sous un platane. Héraclès
se lance vers l’hydre, sa massue en main, et retenant
son souffle. Mais tandis que s’enroule la queue de la
bête le long de sa jambe, le héros s’aperçoit
avec horreur que pour chaque tête qu’il écrasait,
deux ou trois repoussaient. Enragé par ce phénomène
et pincé au pied par un énorme crabe venu porter
secours à l’hydre, Héraclès demande
le renfort de Iolas ; ce dernier trouve rapidement une
solution : pour empêcher que les têtes ne repoussent,
il suffit de brûler les blessures au fur et à mesure
qu’on les coupe. Il embrase alors la forêt avoisinante
afin d’y recueillir des brandons ardents. À partir de
ce moment les deux hommes joignent leurs forces : Héraclès
s’arme d’une serpe d’or et tranche de sa force
légendaire les innombrables têtes tandis que son
neveu cautérise de ses tisons les chairs ensanglantées
évitant ainsi qu’elles se régénèrent…
Il reste alors à se débarrasser de l’ultime
et immortelle tête de l’hydre que le héros
frappe avec la même rage qu’antérieurement
et qu’il enterre au plus vite, encore vibrante de sifflements
perçants, sous un gros rocher. On raconte que, de nos
jours, on peut encore entendre les terribles grondements de
l’impérissable crâne envahir la contrée
de Lerne.
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Héraclès
lutte contre l'hydre, lécythe à figures
noires, peinture de Diosphos, Vème siècle
av.J.-C. |
Héraclès
et l'hydre de Lerne, huile sur toile, Guido Reni, 1622. |
Héraclès
et l'hydre, huile sur toile, Zurbarán, 1637. |
Quand le calme revient enfin envahir le marais, Héraclès
se penche sur le corps inerte et mutilé du monstre, l’ouvre
de haut en bas et trempe chaque pointe de ses flèches
dans le venin de ses entrailles : dès ce moment,
la moindre blessure causée par l’une de ces flèches
empoisonnées entraînerait une mort certaine chez
les mortels et des blessures incurables chez les immortels.
Mais Héraclès ignorait que le poison qu’il
venait de prélever de l’hydre serait la cause indirecte
de sa mort (voir l’épisode de Déjanire et
Nessus).
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Héraclès
et l'hydre, bronze, anonyme, milieu XVIème siècle. |
Héraclès
et l'hydre, bronze antique. |
Quand notre héros informa la Cour de sa difficile victoire,
le roi de Mycènes et de Tirynthe contesta son succès :
en effet, l’ingénieux Iolas avait permis à
Héraclès de mener à bien son épreuve
et selon Eurysthée ceci était une violation des
règles qu’il avait établies.
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Héraclès
au repos, dessin, Giulo Romano, XVIème siècle. |
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