près les deux premiers succès éclatants
d’Héraclès, Eurysthée lui ordonne
de capturer un animal certainement moins effrayant que le lion
ou l’hydre mais tout aussi extraordinaire : une biche
tachetée étrangement dotée de cornes d’or
et de sabots d’airain. Rapide comme l’éclair
elle appartenait à l’attelage de la déesse
chasseresse Artémis, autant dire que l’animal sacré
ne devait pas être blessé et encore moins tuée
par le héros. Elle avait été récemment
aperçue en train de gambader en Argolide.
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La
biche de Cérynie, huile sur toile, Michael Sppaford,
1993. |
Hercule
pourchasse la biche, gravure anonyme, XVIème
siècle. |
Il n’en faut pas moins au héros pour se lancer
à la poursuite du cervidé divin ; très
vite il est en vue de la colline de Cérynie et, dans
le bois d’Oénoé, aperçoit la biche
que jamais personne n’avait réussi à approcher.
Mais à peine a-t-il fait un pas en direction de l’animal
que ce dernier s’enfuit à une vitesse prodigieuse.
Héraclès se rend compte alors de la difficulté
de l’entreprise : comme il ne peut pas s’approcher
du quadrupède il décide de le vaincre à
l’usure. Il s’arme de patience poursuivant sans
relâche le véloce animal, le traquant jours et
nuits ; la biche entraîne son chasseur toujours plus
au nord, au-delà des territoires grecs, dépassant
la mer Noire, traversant des régions brumeuses et envahies
de neige, atteignant enfin le pays enchanteur des hyperboréens
situé au nord le plus lointain, si lointain qu’on
le localisait derrière le vent du nord. Un printemps
éternel caractérisait cette contrée magique
qu’on a parfois situé au nord de la mer Caspienne.
Bref, arrivée aux limites du monde connu, la biche, quelque
peu lasse, décide de faire demi-tour afin de regagner
sa colline grecque. Elle se remit donc à cavaler de plus
bel vers le sud, traînant dans son sillage son entêté
chasseur ; néanmoins, la patience d’Héraclès
va être finalement récompensée lorsque l’animal
s’arrête pour boire sur les bords du fleuve Ladon,
le héros observe alors que la biche, quelque peu exténuée,
hésite à franchir le cours d’eau en crue ;
il ne lui en faut pas moins pour bander son arc et tirer une
flèche qui vient se nicher entre l’os et le
tendon : avec une dextérité hors du commun
il réussit à immobiliser les pattes avants du
cervidé sacré sans que ne coule une seule goutte
de sang.
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La biche aux
pieds d'airain, huile sur toile, Gustave Moreau, XIXème
siècle. |
Hercule
et la biche, aquarelle, Gustave Moreau, XIXème
siècle. |
Hercule
et la biche, bronze, Pietro Tacca, XVIIème siècle. |
Après une année entière de course poursuite,
Héraclès pouvait enfin empoigner le jusqu’à
présent insaisissable quadrupède, et le charger
sur ses épaules. Il traverse ensuite l’Arcadie,
et s’empresse de rejoindre Mycènes. Tandis qu’il
se hâte à ramener la biche à Eurysthée,
le héros se retrouve nez à nez avec les deux plus
grands chasseurs de l’Olympe, les jumeaux Artémis
et Apollon. Ils exigent purement et simplement que leur soit
restitué l’animal sacré mais Héraclès
leur explique qu’il est en mission pour le roi de Mycènes…
Au final, il promet de libérer la biche seulement après
avoir prouver son succès devant la Cour. Artémis
accepta le marché et le héros put enfin achever
son troisième travail.
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Hercule ramenant la biche,
amphore à figures noires, 530-520 avJC. |
Héraclès
et la biche, amphore à figures noires, VIème
avJC. |
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