a sixième épreuve va, une nouvelle
fois, solliciter les principales qualités d’Héraclès,
à savoir sa force brute, sa vigueur physique et sa dextérité
dans le maniement de l’arc. Eurysthée, via Coprée, ordonne au
héros d’exterminer la nuée d’oiseaux qui terrorise la cité de Stymphale,
voire toute l’Arcadie. Semblables à de gigantesques échassiers,
les féroces volatiles possédaient d’étranges traits particuliers :
leurs serres, leur bec et leurs ailes étaient faits d’airain ;
quant à leurs plumes elles étaient en bronze ce qui provoquait d'infinis
dégâts lorsque la multitude prenait son envol. Autrement dit, la mission
ne s’apparenterait pas à une simple chasse à
la perdrix.
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Hercule et les oiseaux
du lac Stymphale, huile sur toile, Gustave Moreau, XIXème siècle. |
Héraclès
et Athéna, métope du temple de Zeus à
Olympie, Vème avJC. |
Héraclès quitte Mycènes et s'élance vers le centre du Péloponnèse
pour atteindre l'Arcadie. Tout au long de son trajet il constate
les terribles dommages que provoquent les attaques incessantes
des rapaces : non seulement les récoltes sont souillées par leurs
fientes mais surtout les victimes picorées par les carnassiers
se comptent par centaines lors de chaque assaut. Le héros mesure
le désespoir des populations et, le cœur rempli de haine, il hâte
le pas en quête de ces maudits oiseaux. Les gens qu'il rencontre
le guident sur les traces des volatiles car tout le monde sait
que le fils de Zeus est le seul à pouvoir supprimer le terrible
fléau qui les frappe. Après quelques jours de recherche, Héraclès
parvient finalement aux bords du lac Stymphale, tout près de la
cité du même nom. D'horribles cris perçants permettent au héros
de localiser leur refuge : une épaisse forêt située à l'autre
extrémité du marais. Le pauvre Héraclès a beau se creuser la tête,
il ne voit pas comment traverser ce lac ; en y jetant une pierre
il s'aperçoit que les eaux sont trop épaisses pour y faire glisser
une barque ; embarrassé par cette situation, le héros se frotte
le menton : par quel miracle découvrirait-il une issue à cette
impasse ? Et devant ses yeux ébahis, le prodige a bien lieu ;
apparue de nulle part, la resplendissante déesse Athéna s'avance
et lui tend deux petits objets en bronze, et après lui avoir indiqué
du doigt la forêt ténébreuse, elle disparaît aussi vite qu'elle
était venue. Encore troublé par cette apparition, Héraclès constate
avec surprise que les deux objets sont des castagnettes...bien sûr,
même s'il était loin de posséder l'oreille absolue, le héros avait
appris, dans sa jeunesse, à jouer de nombreux instruments (son
pauvre professeur Linos avait d'ailleurs vu d'un peu trop près
sa lyre...), il fixe à ses doigts la paire de percussions, grimpe
sur une petite colline et commence son concert. Le claquement des
castagnettes, forgées par Héphaïstos, provoque rapidement un vent
de panique chez les volatiles qui sortent de leur cachette dans
un grondement indescriptible pour se lancer désespérément dans
les airs. Héraclès profite de ce moment pour s'armer de son arc
et tirer une centaine de flèches à la seconde ; les oiseaux tombent
un par un sous les coups rageurs du héros, les corps s'abattent
au sol, s'écrasent sur les arbres...jusqu'au dernier. Le silence
envahit de nouveau la contrée jonchée de morceaux d'airain et
de bronze ; Héraclès avait exterminé les oiseaux du lac Stymphale
avec l'aide de celle qui le soutiendrait toujours dans les moments
difficiles, la déesse Athéna.
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Hercule et les oiseaux
du lac Stymphale, huile sur toile, Albrecht Dürer,
XVIème siècle. |
Héraclès
archer, bronze, Antoine Bourdelle, 1909. |
Acclamé par toute l'Arcadie, le héros reprend le chemin de Mycènes ; sur place, il informe la
cour de son nouveau succès. Eurysthée ne se permît pas cette fois-ci
de refuser un exploit appuyé par Athéna en personne. Avec ce sixième
travail accompli, Héraclès clos ses aventures dans la péninsule
du Péloponnèse, à partir de ce moment il va parcourir le monde
méditerranéen dans sa totalité.
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Héraclès
et les oiseaux, amphores à figures noires, peintre
de Diosphos, Vème avJC. |
Hercule et les oiseaux
du lac Stymphale, amphore à figures noires, 560-530
avJC. |
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