Héraclès essayant de dompter le taureau.




e septième travail inaugure un nouveau cycle des aventures du héros; en effet, Eurysthée s’inquiète de la popularité sans cesse grandissante de celui qui a vaincu des monstres aussi coriaces que le lion de Némée ou l’hydre de Lerne: le nom d’Héraclès est chanté dans tout le Péloponnèse et on ne compte plus les nombreux sacrifices effectués en son honneur. Le roi de Mycènes et de Tirynthe lance donc au héros un premier défi loin des terres de la petite Grèce; celui-ci consiste à capturer l’effrayant taureau de Crète que certains identifiaient comme le père du célèbre Minotaure.

Hercule et taureau de Crète,
huile sur toile, Zurbarán
Héraclès contre le taureau, marbre, métope du
temple de Zeus à Olympie, Vème avJC.

La présence de l’animal sur l’île calcique était due à un épisode survenu quelques années auparavant: un beau jour d’automne, Minos, le roi de la Crète, avait promis à Poséidon qu’il sacrifierait ce que le dieu de la mer ferait jaillir des flots ; plus vite qu’il ne faut pour le dire la divinité au trident fît émerger des eaux un merveilleux taureau noir. Emerveillé par l’apparition du splendide bovidé, le souverain de l’île ne pût résister à la tentation de s'en emparer et il ordonna à ses serviteurs d’emmener l’énorme herbivore jusqu’à ses propres étables. En échange, il sacrifia une autre bête de son troupeau pensant confondre Poséidon mais ce dernier, exaspéré, s’aperçût aussitôt de la duperie : puisque Minos n’avait pas tenu parole et qu’il avait tenté de tromper sa divine personne, il le punirait en convertissant le fabuleux taureau en animal sauvage et incontrôlable.

Hercule luttant contre la taureau, lécythe à
figures noires, 480 avJC.
Hercule domptant le taureau, dessin,
Théodore Géricault, XIXème siècle.

Déchaîné par une folie destructrice, l’animal ravage les vignobles, dévaste les campagnes, fonce à travers les forêts, encorne le toit des demeures, transperce le cœur des cités, et assaille les habitants de la Crète depuis déjà plusieurs années. Quand Héraclès débarque sur l’île après quelques jours de navigation et de mal de mer, il part seul à la recherche du taureau divin sans compter sur l’aide de Minos. Traversant de long en large les terres de l’archipel, notre héros poursuit l’animal enragé, cavalant à toute vitesse tant pour s’agripper à l’énorme cou du monstre que pour éviter un mauvais coup de corne. Une fois encore, la ténacité du héros va être récompensée : profitant d'un moment de répit durant lequel le taureau broute tranquillement l’herbe verte de la plaine, Héraclès grimpe sur un arbre et se jette sur le dos de l’animal. Surprise et apeurée, la bête se met à bondir sur place avant d’entamer une course folle; le héros s’accroche désespérément aux gigantesques cornes de la bête qui agite sa tête avec rage. Après avoir traverser l’île d’est en ouest et d’ouest en est pendant plusieurs jours, l’animal s'immobilise et se soumet enfin à son obstiné cavalier ; Héraclès, épuisé par son rodéo et à la grande stupeur de Poséidon, a finalement réussi à dompter le taureau révolté et, profitant de la docilité de sa divine monture, il traverse la mer Egée sur son dos pour regagner Mycènes.

Hercule ramenant le taureau de Crète,
bas-relief en terre cuite, époque romaine.
Le retour de Crète, amphore à
figures rouges, 525-500 avJC.

Quand on lui présenta le bovidé crétois, Eurysthée préféra abréger rapidement l’entrevue et, ne voulant pas s’encombrer d’un tel animal, il le libéra. Le taureau chemina alors vers Sparte, errant à travers les champs, piétinant les récoltes et massacrant le bétail à travers toute l’Arcadie. Finalement, il traversa l’isthme du Péloponnèse en direction de Marathon où il trouva la mort des mains de Thésée, le célèbre héros athénien.


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